ETAT D’INDIFFERENCE

4-05-|2014

Installation – Performance – Vidéo
Curateur Marc Pierrard

Dans cet espace où l’œuvre s’épanouit avec une puissance manifeste, la dimension sociologique revêt une importance capitale, tant dans la démarche artistique que dans sa matérialisation plastique. L’entrée, métamorphosée en une sorte de « poste frontière », oblige le public à passer à travers un hublot de vision restreinte, l’incitant ainsi à se confronter physiquement à l’étroitesse de l’embarcation, à l’exiguïté de l’espace vital dont disposaient les immigrants. Ce geste d’adaptation interpelle le visiteur quant à la limitation parfois inhérente à notre propre perspective, une limitation qu’il convient de repenser à la lumière du sujet abordé.
Au cœur de cette installation austère, une série de questionnements surgit, suscitant la réflexion sur les conditions extrêmes du périple migratoire des « boat people », sur la douleur et l’errance qui jalonnent le parcours de ces survivant.es Elle renferme également des objets rejetés par la mer à la suite du naufrage de leur embarcation donnés par des réfugiés à l’artiste.
Ces artefacts sont méticuleusement répertoriés, annotés, numérotés, comme autant de pièces à conviction disposées sur des étagères et exposées au public. Deux figures emblématiques, un crocodile et un requin, incarnent la voracité impitoyable du passeur d’infortune, dépourvu de tout scrupule moral.

Dans son ensemble, cette installation invite à méditer sur le prix humain de la quête d’une nouvelle vie, une quête qui se mesure parfois au sacrifice de la vie elle-même.

VIDEO – A LA H DERIVE

L’étranger, l’inconnu, l’autre interroge, par un effet de miroir, la part obscure de nous-même. D’une manière générale, il semble qu’aujourd’hui le racisme ne corresponde pas forcément à la croyance profonde de l’appartenance à une race supérieure. Il est plutôt fait de la peur et de l’inquiétude face à un autre qui est différent de soi et qu’on n’arrive pas à comprendre.
Le racisme, c’est quand on en arrive à refuser ces différences, et à refuser l’autre. A le mépriser, à l’exclure, à cause des différences dans ce qu’elle ou il est.
La manière de se voir et la perception que l’on a de l’autre sont au cœur des mécanismes du racisme et de la discrimination.Qu’il s’agisse d’un savoir authentique, fondé sur des faits réels et des raisonnements logiques, ou d’un pseudo- savoir, fondé sur des fantasmes et des sophismes, est une autre question – et de fait, la phobie raciste se distingue des peurs ordinaires par le fait que rien de réel ni de rationnel ne la justifie. Mais toute peur suppose un objet de peur connu, bien ou mal.

🧿 WOXX PRESSE